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25/06/2015

La "scandaleuse politique grecque de l'Europe"

 JurgenHabermas.jpg

Sur une crise qui démasque la véritable nature de la pseudo-Union européenne, analyse décapante du philosophe Jürgen Habermas :


 

...dans Le Monde (25/06). Extraits :

 

<< Le conflit n'échoue pas à cause de quelques milliards de plus ou de moins, pas même à cause de telle ou telle clause du cahier des charges, mais uniquement à cause d'une revendication : les Grecs demandent que l'on permette à leur économie et à une population exploitée par des élites corrompues de prendre un nouveau départ en effaçant une partie de leur passif – ou en prenant une mesure équivalente, par exemple en prononçant sur cette dette un moratoire dont la durée dépendrait de la croissance.  Au lieu de cela, les créanciers continuent de réclamer la reconnaissance d'une montagne de dettes que l'économie grecque ne permettra jamais d'apurer...

 

 La faible performance du gouvernement grec ne change rien au scandale : les hommes politiques de Bruxelles et de Berlin se refusent à endosser leur rôle d'hommes politiques lorsqu'ils rencontrent leurs collègues athéniens. Ils en ont certes l'allure, mais, lorsqu'ils parlent, ils le font exclusivement dans leur rôle économique, celui de créanciers. Qu'ils se transforment ainsi en zombies a un sens : il s'agit de donner à la procédure tardive de déclaration d'insolvabilité d'un Etat l'apparence d'un processus apolitique, susceptible de faire l'objet d'une procédure de droit privé devant les tribunaux. […] Angela Merkel a fait d'emblée monter le FMI dans le bateau : cet organisme […] agit dans l'intérêt général des investisseurs, tout particulièrement des investisseurs institutionnels. En tant que membres de la “troïka”, les institutions européennes ont fait cause commune avec cet acteur-là, si bien que les politiques, pour autant qu'ils agissent au titre de cette fonction, peuvent se replier dans le rôle d'agents opérant dans le strict respect des règles et auxquels il n'est pas possible de demander des comptes. Cette dissolution de la politique dans la conformité au marché peut peut-être expliquer l'insolence avec laquelle les représentants du gouvernement allemand […] nient leur coresponsabilité politique dans les conséquences dévastatrices qu'ils ont pourtant acceptées […] lorsqu'ils ont imposé le programme d'économies néolibéral...

 

 Ce sont les citoyens, pas les banquiers, qui doivent avoir le dernier mot sur les questions touchant au destin européen. L'assoupissement post-démocratique de l'opinion publique est dû aussi au fait que la presse a basculé dans un journalisme d'encadrement*, qui avance main dans la main avec la classe politique... >>

 

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* Il est insolite de lire ça dans Le Monde, organe central de la société de marché.

 

17:22 Publié dans Europe, Idées | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : europe, grèce

Commentaires

PÉTITION

> Je me permets de signaler la pétition suivante :
http://cancelgreekdebt.org/fr/
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Écrit par : Christian Vennec / | 25/06/2015

LA PRESSE

> « la presse a basculé dans un journalisme d'encadrement*, qui avance main dans la main avec la classe politique... » C’est vraiment ce que l’on constate. A tel point que j’ai été stupéfait en lisant la presse anglo-saxonne au lendemain de l’encyclique. Le ton y apparaît nettement plus libre, ce qui ne lasse pas de m’étonner. J’ai comme l’impression que les journalistes français sont encore plus sous pression du lobby libéral que les journalistes outre-atlantique dans un pays certainement plus libéral que la France.
Quel journaliste français oserait demander à un homme politique s’il ne se sert pas dans les positions de l’Eglise comme on se sert à la carte au restaurant (le New-York Times parle à ce sujet de ‘cafeteria catholics’). L’expression est rêche, mais qui oserait demander ça à un Sarkozy qui dit « l’écologie ça suffit », va passer ses vacances avec Georges Bush ultralibéral, et nous fait son petit numéro bidon sur la laïcité qui met le feu aux poudres plus qu’autre chose-ce qu’il ne pouvait ignorer… ? A mon avis personne.
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Écrit par : ND / | 25/06/2015

SCIEMMENT

> Sur ce blog, on peut hasarder une autre explication.
Endetter sciemment pour faire tomber un pays de l’orthodoxie, l’objectif occulte stratégique étant de dresser un obstacle, parmi d’autres, à l’unité des chrétiens. Comprenne qui voudra ou qui pourra. Tout le reste, c’est le pipeau de la tactique.
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Écrit par : illingen / | 25/06/2015

> Il est insolite aussi de lire cela sous la plume d'Habermas. Bravo à lui !
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Écrit par : JG / | 26/06/2015

EMPIRES

> L'Europe montre simplement son visage, celui d'un empire tyrannique qui utilise la violence pour maintenir son pouvoir. C'est le destin de tout empire de s'épuiser à réprimer toute velléité d'indépendance et de finir vaincu par une petite nation.
C'est une stupidité sans nom de faire croire que les Etats européens seraient plus forts et plus prospères s'ils étaient gouvernés par une seule administration centrale. Stupidité de gens qui ne pensent qu'avec des chiffres : souvenez-vous du rouleau compresseur russe en 1914.
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Écrit par : Guadet / | 26/06/2015

LOURDE DE SENS

> Insolite dans le Monde, mais la dénomination de "journalisme d'encadrement", concise et lourde de sens est à retenir !
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Écrit par : Pierre Huet / | 26/06/2015

COMME DES GOSSES

> L'analyse justissime d'Habermas est pleinement confirmée par la stupéfiante arrogance qui consiste à traiter les Grecs comme des gosses. Par exemple, Christine Lagarde a demandé à "parler avec des adultes" (sic). La post-démocratie considère les peuples comme d'éternels mineurs. Comme des gens incapables, par ailleurs, de comprendre quelque chose au TAFTA. Bon, je ne veux d'ennuis ni avec l'eurocratie ni avec la presse d'encadrement: je retourne à mes jouets.
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 26/06/2015

BIG BUSINESS

> Jean-Marie, big business, avec son big data va collecter tous nos commentaires et nous aurons un jour à en répondre devant le tribunal du bien et du mal de la bonne pensance.
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Écrit par : Pascal Girard / | 27/06/2015

OLIGARQUES

> Et pour tenir le peuple dans ce genre de crise, il faut supprimer le cash : plus de liquidité plus de problème, le robinet sera dans les mains des seuls quelques rares oligarques et le peuple obligé de suivre les directives.
Le plafond des achats possibles en numéraire vient encore de baisser en France (qui suit le mouvement d'autres pays européens).
http://la-chronique-agora.com/argent-liquide/
http://la-chronique-agora.com/cash/
http://la-chronique-agora.com/grecs-votent-argent/
ici un lien d'une pétition contre cette voie vers une société sans cash :
http://publications-agora.fr/sondage2015/index.php
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Écrit par : franz / | 30/06/2015

IMPOSSIBLE

> Sans cash et sans cheque
Petite expérience du jour: suite tentative d'usage frauduleux de ma CB à l'autre bout du monde me voici temporairement sans CB à la jonction de juin juillet. Pas grave j'ai un chéquier qui traine au fond d'un tiroir... Tentez de payer votre pass navigo avec un chèque c'est quasiment impossible : seules quelques rares stations de métro permettent le paiement par chèque. Mieux vaut ne pas être handicapé si on a pas de CB car c'st plusieurs stations qu'ilvous faudra faire à pied avant de régler le précieux sésame, et encore à heures ouvrables puisque ces rares guichets ne sont pas ouverts tard le soir ou très tôt le matin.
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Écrit par : franz / | 01/07/2015

Les commentaires sont fermés.